Quel désarroi quand les sociétés occidentales contemplent les portraits, les histoires de ces jeunes terroristes. Que s’est-il passé depuis une vingtaine d’années pour que s’engagent dans une culture de mort, de tout jeune homme et de toute jeune femme, dont certains ont à peine douze ans ?
La lecture des travaux sur le sujet appelle une interprétation multifactorielle des enrôlements dans les organisations terroristes depuis le 11 septembre 2001 :
– L’ignorance, le manque de connaissance de l’Histoire, de l’Islam et du Coran,
– Le manque de maturité de jeunes qui réagissent comme des adolescents à la propagande des recruteurs par le biais des jeux vidéo, des scènes de massacre et des promesses naïves d’éternité,
– L’identification fusionnelle aux frères et sœurs d’armes,
– l’idéalisme renforcé par les recruteurs qui sont à l’écoute de jeunes qui ne parviennent plus à se défendre contre l’angoisse du lendemain et la dépression,
– la pauvreté sociale et intellectuelle, la pauvreté affective de jeunes dont on attend rien, et qui n’ont plus d’espoir de reconnaissance ni d’estime de soi,
– la possibilité de rêver une forme d’aventure, dans un monde binaire, simplifié,
– la fascination pour la mort et la violence.
Le besoin d’explication des sociétés occidentales est sans conteste notre façon culturelle d’appréhender la violence terroriste. La nébuleuse djihadiste compte bien sur cette quête de sens pour déstabiliser les démocraties fragiles promptes à la remise en cause à chaque nouvel attentat – nous en dirons quelques mots.
Mais notre analyse portera pas à pas sur les caractéristiques de l’enrôlement des jeunes dans cette guerre mortifère.
Extrait de l’intervention de Marie-Frédérique BACQUE (Professeure des universités, Présidente de la société de thanatologie) lors de la conférence de la FEVSD « Les jeunes en deuil ».