En quoi les obsèques d’un adolescent ou d’un jeune adulte seraient-elles différentes de celles organisées pour une personne plus âgée ? Qu’est-ce qui spécifie l’organisation d’une cérémonie pour un jeune ? Peut-on identifier certains usages, certains rites particuliers ?
Ce sont ces questions que je propose d’évoquer dans un bref exposé. Des observations faites à partir de l’expérience de terrain dans les crématoriums de Champigny-sur-Marne et du Père Lachaise, gérés par les Services Funéraires –Ville de Paris. Chaque année, nous organisons une quarantaine de cérémonies d’obsèques pour des jeunes décédés entre 15 et 25 ans. Le public qui y assiste est majoritairement composé de jeunes adultes.
Au-delà de l’émotion suscitée par la mort d’un jeune, tant pour l’assistance présente que pour le maître de cérémonie en charge de la conduite du temps de recueillement, on peut légitimement s’interroger sur la pertinence des rites mis en œuvre : sont-ils toujours efficients pour le public qui y participe et si ce n’est pas le cas, comment peut-on les adapter, voire en inventer d’autres ?
Ce questionnement éclaire toute la tension qui existe entre la nécessité d’un rite et le besoin inhérent de personnaliser des obsèques. Le rôle du maître de cérémonie est de garder l’équilibre entre ces deux pôles. Et c’est d’autant plus délicat lorsqu’il s’agit d’une cérémonie pour un jeune.
Extrait de l’intervention annulée de Jean-Paul ROCLE (Chargé de mission cérémonies et ritualités – Services Funéraires-Ville de Paris) lors de la conférence de la FEVSD « Les jeunes en deuil ».
Mon fils est décédé le 2 octobre 2022. Suicide. Il avait 25 ans.
Nous avons chacun, tous ensemble, écris un dernier message sur son cercueil à l’aide de gros marqueurs mis à disposition.
Avant qu’il quitte la pièce de la cérémonie où nous étions rassemblés autour de lui, nous avons fait passer une chanson qu’il avait écrite et élan d’amour nous a fait chanter sa chanson avec lui, d’une seule et même voix.
Même si nos larmes coulaient et que nos gorges vrillaient de douleur et de tristesse, ce dernier moment en communions avec lui a été d’une intensité inoubliable.