Vivre son deuil vous propose de vous attarder sur quelques pages du livret « Vous êtes en deuil » pour nous rappeler qu’il est normal de souffrir, qu’il est nécessaire de pleurer et que la traversée du chagrin va prendre du temps.
Voici quelques repères pour vous qui vivez un deuil et pour ceux qui souhaitent mieux vous comprendre.
Extraits :
Quand nous perdons un être aimé, quelque chose à l’intérieur de nous se rompt.Les toutes premières semaines, nous sommes très occupés et en général bien entourés, mais vient ensuite un temps beaucoup plus difficile, celui de la douleur profonde, de la solitude… et le long chemin des questions.
Souvent alors, nous ne savons plus du tout où nous en sommes, ni même qui nous sommes vraiment
Mais à qui parler ? Qui peut comprendre, qui peut savoir ce que nous vivons ? Et puis les autres vont peut-être penser que nous répétons toujours les mêmes choses ? Ou que, le temps passant, nous devrions déjà aller mieux
La mort d’un être cher est dévastatrice. C’est un véritable ouragan qui ébranle tous nos repères et toutes nos perspectives. Nous étions en chemin, et voilà que, tout à coup, tout est remis en question.
L’avenir ne peut plus avoir le même sens. Il n’est plus possible de s’y projeter de la même façon. Débute alors ce que l’on appelle le travail de deuil. C’est une période très particulière, et nécessaire, faite de déséquilibre et de travail intérieur. Car les données de la vie ne sont brutalement plus les mêmes, et c’est bien ce que le cœur et l’esprit vont devoir peu à peu intégrer…
« Ce n’est pas vrai ! »
Le caractère inattendu de la mort d’un proche, même lorsque celui-ci était malade, nous met dans un état de choc. Nous ne voulons pas croire à cette réalité et nous pouvons même aller jusqu’à la nier. Nous nous trouvons dans un état de sidération, c’est à dire que nous sommes soudainement assommés sous l’effet de ce choc émotionnel. Nous sommes même affectés physiquement : nous nous sentons anesthésiés. Cela peut se traduire par une accélération des battements du coeur, une baisse de tension artérielle, des difficultés à respirer, parfois même un évanouissement… Nous perdons l’appétit et le sommeil. Ces signes physiques, et bien d’autres, sont autant de manifestations d’un état émotionnel intense, lié à la brutalité du choc…
– « Quand le médecin m’a annoncé la nouvelle, j’entendais mon coeur battre très vite, j’avais froid et j’ai senti que mes jambes ne me portaient plus »…
Cet état de sidération peut durer quelques secondes jusqu’à plusieurs jours. L’enterrement, qui nous met en face de la réalité, peut alors nous sortir de cet état de choc.
– « Entre le jour de sa mort et celui de l’enterrement, je suis restée assise. C’est l’enterrement qui a tout déclenché. J’ai pleuré toute la journée ».
« Je le vois partout »
Nous sommes obsédés par les derniers moments passés avec le défunt et par l’instant de sa mort. Nous ressentons aussi le besoin de chercher l’autre à l’intérieur de nous-mêmes, par les souvenirs, en lui parlant.
– « Je lui parlais dès le matin et je lui disais bonne nuit le soir. Je lui parlais intérieurement, je cherchais les ressemblances que j’avais avec lui ».
Nous cherchons également le défunt à l’extérieur : chaque signe, bruit, objet, odeur peuvent nous rappeler l’être perdu et nous avons alors l’impression qu’il est présent.
Parfois, la silhouette, la démarche, l’aspect d’une personne inconnue dans la rue peuvent ressembler au disparu, au point que nous éprouvons le besoin d’aller nous assurer que ce n’est pas lui.
– « Cette personne avait le même blouson rouge. J’ai couru pour voir si c’était lui ».
C’est le temps qui peu à peu estompe ces pensées.
« J’aurais dû… »
Notre besoin de comprendre ce qui est arrivé nous pousse à réfléchir à ce que nous aurions pu mieux faire. Nous nous sentons coupables, lorsque nous pensons à ce que nous avons ou n’avons pas fait.
– « J’aurais dû rentrer quand il m’a appelé pour me dire qu’il se sentait mal… J’aurais dû appeler le médecin… Je n’ai pas été capable d’atténuer sa douleur »…
« Est-ce que je dois pleurer ? »
Nous sommes tellement accablés que nous croyons devenir fous !
Certaines personnes se demandent si cela est bien de pleurer. Nous avons chacun notre manière de réagir. Le chagrin peut arriver devant un objet, un vêtement ayant appartenu à la personne décédée, un souvenir évoqué par l’entourage…
Il peut parfois venir par vagues, aux moments où nous ne nous y attendons pas.
– « Je souffre trop, j’ai mal. Je me demande si cela finira un jour ».
– « Je me disais qu’un homme ne devait pas pleurer. Je m’enfermais dans le garage pour y pleurer seul ».
Il peut nous arriver de nous sentir déprimés. Nous n’avons alors envie de rien. En nous levant le matin, nous avons des appréhensions quant à la journée qui va se dérouler. Nous n’avons plus goût à rien.
Il est naturel de ressentir de tels sentiments. Le vide laissé par le défunt peut causer cet état d’esprit. C’est la manifestation de notre détresse morale, de notre sentiment d’inutilité qui peut nous habiter un certain temps. Nous pouvons même parfois penser au suicide.
Si cet état s’installe, il faut faire l’effort d’en parler…
Le chagrin, les larmes, les sentiments qui accompagnent notre tristesse sont tout à fait normaux et même nécessaires. Ils permettent d’exprimer la douleur et, même si pleurer ne change rien, nous nous déchargeons ainsi de nos tensions…
Nous possédons tous au fond de nous des ressources insoupçonnées. Ce sont souvent les moments difficiles qui nous les révèlent.
Alors, ouvrons nos fenêtres à ces nouvelles forces et permettons leur de nous aider à renaître progressivement à la vie.
Photographies de François-Xavier Bouchart – © Nadine Beauthéac-Bouchart
Vous pouvez commander cet ouvrage sur la page du livret « Vous êtes en deuil »